Luc Richer

Afin de faire connaître la communauté et ses différentes interprétations du développement psychosocial par le sport, nous vous présentons Les Visages du Réseau. Il s’agit d’une série d’articles pour vous présenter des membres du Réseau, leur pratique et leurs réflexions. Nous vous présentons aujourd’hui Luc Richer, fondateur et directeur de Motivaction Jeunesse.

 

Luc Richer est le directeur de Motivaction Jeunesse depuis 22 ans. Il en est aussi le fondateur, lui qui, après des études en rédaction-communication, en psychoéducation et en droit, voit un besoin à Québec et décide d’y répondre. Il veut aider les jeunes en difficultés de la rue, avec des problèmes de toxicomanie ou d’intégration. C’est d’abord avec la Maison Dauphine qu’il travaille, puis en milieu scolaire au début des années 2000. Son chemin, Luc l’a créé et il en est fier. Aujourd’hui, il est dans plus de 10 milieux dans la région de Québec, et ses programmes ont une portée à travers la province.

 

Luc explique que la mission de Motivaction Jeunesse c’est « de prévenir le décrochage scolaire, la sédentarité et la délinquance des jeunes en milieu défavorisé et de favoriser l’intégration des jeunes immigrants par l’entremise du sport, du plein air et de l’expérience significative. » L’organisation arrive à son but grâce au travail de milieu et à l’intervention sociale de proximité; à l’organisation d’activités sportives de plein air à des fins d’apprentissage, de découverte et de processus pour les jeunes; à la création et à l’élaboration d’événements spéciaux, sportifs et sociaux mettant en valeur la jeunesse et grâce au travail de communication sociale par les médias et la concertation avec tous les acteurs du milieu scolaire, institutionnel, municipal et gouvernemental.

 

Luc Richer voit son intervention selon 3 grands axes : la proximité des intervenants avec les jeunes, la motivation grâce à l’accomplissement et la vie de groupe comme modèle positif. Chez Motivaction Jeunesse, l’activité sportive n’est pas un but en soi pour l’organisme, mais bien un outil efficace d’intervention.

Grâce à cette organisation, les jeunes vivent des expériences concrètes avec des intervenants de confiance. Ces derniers forment alors un lien significatif avec les jeunes, ce qui les amène à vouloir se confier et à vouloir cheminer ensemble. La formule par bloc saisonnier (automne, hiver et printemps-été) permet aux intervenants de former des liens plus forts avec les jeunes que lors d’activités ponctuelles. Il est important pour Luc que ses employés aient une personnalité et une créativité qui puissent allumer les jeunes, pour qu’ils aient envie de se donner à fond. Les intervenants sont là pour épauler et encourager les jeunes à travers les activités sportives, mais aussi à travers d’autres difficultés plus personnelles comme l’école, la famille, les amitiés, etc.

Le notion de défi et de dépassement de soi est une partie intégrante de la façon de faire de Motivaction Jeunesse. Luc le dit, il ne veut pas que les jeunes, dans le contexte des activités de l’organisme, aient « tout cuit dans le bec », que les succès leur soient donnés. Ils doivent apprendre en se dépassant, en essayant de nouvelles choses et en découvrant qu’ils sont capables de faire ce qu’auparavant ils n’auraient pas cru être capables de faire. Avec le club de course par exemple, ils peuvent commencer avec des défis simples comme de courtes distances et terminer en faisant 5-10 km ou même un demi-marathon! Il faut trouver la balance entre un défi intéressant et une possibilité de réussite, le but n’étant pas de mettre les jeunes en situation d’échec. Luc nous confie même que pour des épreuves comme la grande expédition en vélo, le parcours est créé en fonction des difficultés qui seront rencontrées pour les échelonner dans le temps et produire des opportunités de dépassement de soi et d’apprentissage.

 

Bien entendu, le groupe joue aussi un rôle dans le projet. Les groupes sont généralement formés d’entre 10 et 20 jeunes, avec un objectif échelonné sur l’année. Les jeunes apprennent ainsi à vivre ensemble et à se soutenir dans les défis. C’est aussi une occasion d’apprentissage car parfois les différentes cultures peuvent entrer en conflit et c’est alors aux intervenants à servir de pont entre les éléments du groupe afin de briser les préjugés et d’éduquer à la vie sociale.

 

Les clientèles de Motivaction Jeunesse sont diverses; il y a les nouveaux arrivants, les raccrocheurs, les jeunes à problèmes de consommation, d’estime de soi, en adaptation scolaire, aux troubles d’apprentissage, et plus encore. Il y a aussi les filles qui peuvent vivre des problèmes différents comme ne pas être à l’aise de relever les défis avec les garçons, surtout dans les cultures où les garçons et les filles sont encouragés à remplir des rôles différents.

 

Différents projets sont menés par Motivaction Jeunesse. Il y a d’abord Québec en Couleurs, financé par le ministère de l’immigration et le secrétariat d’action à la jeunesse. Son but est de faciliter l’intégration de jeunes des communautés culturelles, en mélangeant les jeunes des classes de francisation avec des jeunes plus intégrés, par exemple. On ne s’adresse pas ici aux jeunes très sportifs, mais à ceux qui veulent s’intégrer, s’amuser et découvrir les sports d’hiver québécois par exemple. Il y a aussi Ensemble, nous sommes le monde!, financé par le gouvernement provincial, qui englobe des rassemblements à grande envergure, et touche plus de régions du Québec. Il y a le Challenge de l’espoir, une expédition sociale à vélo qui a lieu chaque année depuis 21 ans (à l’exception de l’année 2020, pandémie oblige). Il y a Émeraude, un programme de proximité et de formation de groupes d’appartenance pour les filles, mené au centre jeunesse l’Escale. Les filles sont invitées à sortir du centre pour découvrir le plein air local, à se changer les idées et à échanger entre elles, à leur rythme, sans le jugement des garçons. Transition s’adresse aux jeunes en transition, soit entre le primaire et le secondaire ou entre l’école traditionnelle et les écoles de raccrocheurs. On se concentre alors plus sur le soutien, sur le support, l’écoute et la motivation des jeunes, pour rendre l’école plus attrayante et vraiment soutenir les jeunes qui sont en difficulté.

 

Voici un portrait sommaire des activités de Motivaction Jeunesse. C’est un organisme complet, en œuvre depuis plus de 20 ans, qui a encore plusieurs tours dans son sac afin de venir en aide aux jeunes. Il y a des difficultés bien entendu, comme la mixité parfois difficile entre les groupes culturels et le maintien de l’engagement des jeunes en difficulté qui ont souvent une vie trouble et pour qui le sport n’est pas toujours une priorité. Mais ce que Luc espère c’est d’aider les jeunes à réaliser qu’il faut faire des efforts pour réussir, que tout n’est pas facile, mais que la fierté qui ressort de la réussite est l’une des clés du bonheur.