Tegwen Gadais

Afin de faire connaître la communauté du développement psychosocial par le sport et ses différentes interprétations, nous vous présentons Les Visages du Réseau. Il s’agit d’une série d’articles pour vous présenter des membres du Réseau, leur pratique et leurs réflexions. Nous vous présentons aujourd’hui Tegwen Gadais, professeur au département des sciences de l’activité physique à l’UQAM.

Tegwen fait partie du Réseau depuis le tout début. Il agit d’abord au comité formation pour aider à définir les axes de formation admissibles à la labellisation du Réseau. Il est aussi actif au niveau de la recherche, puisqu’il collabore avec plusieurs partenaires afin de réfléchir à leur offre. Il a travaillé entre autres avec Pour 3 Points et l’Institut DesÉquilibres. Il fait aussi partie de la Chaire UNESCO de développement curriculaire, comme co-président du comité scientifique et membre du comité exécutif depuis 2017.

Tegwen suit d’abord une formation de professeur d’éducation physique et sportive en France, où il enseigne pendant quelques années. Il vient ensuite au Québec afin de poursuivre ses études à l’Université Laval jusqu’à l’obtention de son doctorat. Il devient également travailleur humanitaire dans des projets de développement international et de gestion de crise internationale à partir de 2010. En plus de sa thèse en psychopédagogie - Éducation à la santé, il possède une maîtrise en gestion du développement international et de l’action humanitaire. Ses formations et expériences l’amènent aujourd’hui à travailler dans le domaine des sciences de l’éducation, mais aussi de la gestion, de l’administration, de l’évaluation de programme, de la psychologie, de la sociologie, et même des sciences de l’environnement, notamment en lien avec ses recherches sur le plein air.

Le terme développement psychosocial par le sport n’est pas une appellation à laquelle il adhère. Si ce terme semble comprendre des aspects psychologiques et sociaux du développement par le sport, pour Tegwen, c’est une vision restreinte du développement humain. Il préfère aborder le développement de la personne selon toutes ses dimensions dans une perspective holistique et complexe. Celle-ci comprend bien entendu l’aspect physique, difficile à occulter quand on parle de sport mais également l’aspect psychologique, qui définit les émotions, les affects, la pensée. Le cognitif, qui s’inscrit notamment autour du sens critique et de la réflexion. Une autre dimension principale a trait au social, au rapport aux autres, et à toutes les formes de communication. Il mentionne également quatre autres dimensions : la morale qui est liée aux valeurs, aux choix, aux actions et pensées de l’individu ; l’éthique, définie par les valeurs de la société ; l’environnement, que ce soient via les interactions physiques ou autres ; la spiritualité, définie par la quête d’identité et les croyances. Tegwen souhaite donc une approche plus globale du développement humain et refuse d’exclure certaines dimensions qui sont d’après lui inséparables si l’on veut comprendre un être humain complètement.

Ses travaux se réalisent ainsi, globalement, dans la compréhension du développement humain. Ainsi, avant tout, son but est de résoudre des problèmes concrets des individus et des organisations. Avec l’aide d’étudiants aux expertises et compétences diverses, classiquement sa démarche consiste à recevoir les problèmes des acteurs de terrain ou de la société, qu’il s’agisse d’un manque de communication, d’un problème pour évaluer leur programme, d’un manque d’outil ou d’un problème de réflexion, par exemple. Il travaille ensuite au développement d’instruments de recherche afin d’étudier le phénomène et, in fine, de faciliter le travail des acteurs du milieu.

Ses recherches portent sur le développement humain autour de trois grands axes : l’éducation à la santé et les saines habitudes de vie, qui était le sujet de sa thèse de doctorat et de sa maîtrise au Québec; le sport, l’activité physique et/ou l’éducation physique pour le développement et la paix, dans des objectifs de cohésion sociale, d’éducation, de prévention et de réinsertion; et les interventions en contexte de plein air, comme les services de garde en plein air, les programmations scolaires, les situations de groupe à problématiques. Ce sont également des recherches plus fondamentales concernant l’étude des mécanismes du plein-air sur le développement des individus au sens large que Tegwen mène.

Par ailleurs, il identifie plusieurs perceptives de recherche potentiellement intéressantes.

En éducation à la santé, il remarque que beaucoup d’outils sont développés, mais qu’il manque, entre autre, de penser une didactique des contenus d’enseignement. Selon lui, il y a également un travail à poursuivre sur la manière de construire de saines habitudes de vie sur le long terme.

En ce qui concerne le sport pour le développement et la paix, il soulève que beaucoup d’études globales en sociologie discutent d’idées théoriques intéressantes sur le sujet. Les études de terrain, quant à elles, utilisent des méthodologies très hétérogènes et devraient, selon Tegwen, mettre davantage l’accent sur la compréhension fondamentale de la pratique sportive ainsi que sur ses divers usages. C’est également concernant la mesure précise des impacts de la pratique sportive que les études pourraient se multiplier. Enfin, il convient désormais de remonter en généralité et de théoriser les connaissances acquises sur les divers terrains d’enquête menés jusqu’à présent.

Pour le plein air, Tegwen déplore là encore des écueils en terme de conceptualisation d’une véritable didactique du plein-air au Québec afin d’aider, entre autres, les enseignants d’EPS. Les approches sont en effet nombreuses, très éparpillées avec des activités, des contenus et des intentions variés, à tel point qu’il serait approprié de parler, selon Tegwen, DES approches de plein-air. Il semble donc manquer d’outils concrets qui sont appuyés par des experts. Tegwen invite également les chercheurs à continuer de se pencher sur la compréhension des mécanismes précis qui font du plein air un outil efficace.

Finalement, ce que Tegwen souhaite, c’est de continuer à réaliser des recherches collaboratives avec les acteurs de terrain. Il veut co-construire en partenariat avec eux, de meilleurs outils afin de contribuer à les aider dans leur pratique quotidienne. En ce sens, il est très heureux de faire partie du Réseau qui offre un espace d’échanges propice aux collaborations entre chercheurs et praticiens.